Détails du projet

L’Ecosystème de Fessenheim : impact et éléments de prospective suite à la décision de fermeture de la centrale nucléaire

Lauréat
APR 2022
État du projet
En cours
Porteur
Patrick Rondé
Participants
Kenji Fujiki | Olivier Finance
Unités
BETA UMR 7522 - UNISTRA | LIVE UMR 7362 - UNISTRA
Budget
7500 EUR
Discipline(s)
Économie, géographie
Mots-clés
Ecosystèmes, SIG, Analyse d'impact, Prospective territoriale

La fermeture du Centre Nucléaire de production d’Electricité de Fessenheim a probablement des répercutions majeures sur son écosystème. Ce projet est une première tentative de mesurer l’impact de cette décision par le biais d’une méthodologie originale en quatre étapes. Il s’agit tout d’abord de construire une base de données originale intégrée dans un système d’information géographique, permettant de mesurer dans l’espace et dans le temps, des changements de vocation des unités territoriales constitutifs de l’écosystème. Il s’agit ensuite de développer un modèle économétrique afin de rendre compte de l’impact des décisions sur les changements de vocations. Il s’agit enfin de proposer une cartographie des changements de structure industrielle (et agricole) à l’œuvre et de jeter les bases d’une approche prospectiviste des futures dynamiques économiques territoriales. In fine, ce projet ambitionne d’ouvrir des perspectives pour l’analyse de la résilience des socio-écosystèmes impactés par des chocs externes.

Motivations

Sur un plan méthodologique, le projet prend la suite de travaux antérieurs, notamment portés par le Cerema, pour constituer une base de données cohérente et spatialisée à très haute résolution, permettant de suivre dans le temps les conditions d’occupation et la vocation des unités territoriales, à l’échelle parcellaire ou infra- parcellaire. Au travers des réflexions nécessaires à la construction de cette base de données, nous espérons ainsi développer une méthodologie reproductible pour caractériser l’évolution à grande échelle des socio- écosystèmes.

Sur le plan empirique, ce projet constitue une première tentative de mesure territorialisée de l’impact de la fermeture de la centrale.

Enfin, sur le plan théorique, ce projet en quatre étapes (constitution de la base de données, analyse d’impact, détermination sectorielle des territoires impactés et éléments de prospective territoriale) ouvre des perspectives pour l’analyse de la résilience des socio-écosystèmes impactés par des chocs externes.

Cadrage

L’implantation d’infrastructures publiques importantes dans un territoire peut potentiellement modifier profondément la structure et la dynamique économique de l’environnement direct, et ce pour plusieurs raisons :

  1. Les choix de localisation des agents économiques sont affectés de manière directe, via plusieurs canaux de transmission :
    • L’aménagement du site entraîne des changements de vocation de terrains précédemment occupés ;
    • Un apport important de main d’œuvre (à la sociologie particulière) va induire très directement un besoin de terrains à vocation résidentielle ;
    • L’espace étant générateur d’interactions stratégiques entre firmes, tout changement de destination d’un espace entraine des effets sur les choix de localisation des firmes et donc une modification de l’équilibre spatial.
  2. Comme rappelé par Krugman et les travaux de Nouvelle Économie Géographique, des effets plus indirects s’observent aussi :
    • Des externalités liées à la demande, de nouvelles firmes étant attirées par la demande accrue et plus diversifiée ;
    • Des externalités liées à l’offre, de nouvelles firmes étant attirées par des effets de spécialisation (main d’œuvre qualifiée, réseau de sous-traitants…) ;
    • Des externalités de connaissance attirant entreprises, classe créative et agents économiques ayant une préférence pour la variété des biens.
  3. Ces implantations s’accompagnent de la création d’infrastructures de transport (routières, ferroviaires, fluviales…), affectant elles-mêmes les choix des acteurs économiques. En effet :
    • Les entrepreneurs ne sont pas indifférents entre des localisations alternatives. Certains sites sont plus rentables, mieux connectés, par conséquent plus attractifs, ce qui peut se traduire par des créations ou délocalisations d’entreprises (lien positif avéré entre accès aux infrastructures routières et niveau d’activité économique).
    • Ces infrastructures favorisent deuxièmement les externalités d’agglomération qui permettent d’accroître la productivité des firmes. La localisation des entreprises en marge de ces nouvelles infrastructures peut avoir un impact direct sur leurs bénéfices par augmentation de visibilité, extension de zone de marché, ou augmentation de demande potentielle.

Outre ces effets à très grande échelle, les territoires sont enchâssés dans des interactions à de multiples niveaux. Au niveau meso, si leurs trajectoires démographiques ou économiques sont bien liées à des décisions individuelles (niveau micro), elles sont également à examiner au regard de contraintes et dynamiques liées à un niveau supérieur (niveau macro). Exploré par des géographes quantitativistes sur les systèmes de villes, les co-évolutions économiques territoriales nécessitent de replacer les changements observés sur une période dans une zone dans des trajectoires comparatives du fait de ces interactions entre niveaux.

En miroir de ces effets induits par des implantations d’infrastructures publiques importantes, comme par exemple la centrale à Fessenheim, la décision prise d’arrêter la centrale a et va très certainement engendrer de profondes modifications de la structure socio-économique du territoire. Cette décision de fermeture pourrait constituer une perturbation tout aussi majeure pour le territoire que ne l’a été l’implantation de la centrale.

Objectifs

L’idée de ce projet est une première tentative de mesurer l’impact de la décision de fermeture de la centrale sur l’écosystème de Fessenheim. Ce projet s’inscrit donc très clairement dans l’axe 2 de l’APR OHM Fessenheim visant à étudier la dynamique économique de déterritorialisation/reterritorialisation du territoire suite à la décision d’arrêt. En effet, les éléments de cadrage énoncés précédemment et issus théoriquement de ce que l’on appelle la Nouvelle Economie Géographique ont mis en évidence l’impact des investissements publics (la construction de la centrale, mais aussi le développement de nouvelles voies de transport) sur les choix de localisation des agents.

Dès lors, une première étape de l’analyse d’impact consiste à observer le changement de destination des différentes unités territoriales qui composent le socio-écosystème de Fessenheim. Dans ce cadre, il nous faudra à la fois définir l’espace géographique de la zone d’impact (zone des 30 kms pour les effets directs et zone étendue – à définir – pour les effets indirects) et l’espace temporel. Pour ce dernier, nous retiendrons deux dates clefs : la date d’annonce de la décision de fermeture et la date de la fermeture.

Si la première étape de l’analyse confirme bien l’effet significatif de la fermeture de la centrale sur le changement de destination des unités territoriales, il nous faudra alors analyser le contenu de ces changements (vacant, résidentiel, agricole, industrielle et type de secteurs industriels concernés) dans une seconde étape. Cette seconde étape permettra alors d’esquisser de manière prospective les changements de structure industrielle en jeux ainsi que la dynamique économique territoriale à l’œuvre.

In fine, l’analyse permettra d’une part d’estimer les effets marginaux de l’annonce et de la fermeture de la centrale sur les changements de destination des unités territoriales selon les zones d’impact retenus et d’autre part, en fonction des destinations des unités territoriales, d’envisager des scénarios prospectivistes de développement territoriale.

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