L’écosystème de Fessenheim : impact et éléments de prospective territoriale suite à la décision de fermeture de la centrale nucléaire
L’idée de cet article est une première tentative de mesurer l’impact de la décision de fermeture de la centrale sur l’écosystème de Fessenheim. Dès lors, analyser l’impact de la fermeture de la centrale consiste à observer le changement de destination des différentes unités territoriales qui composent le socio-écosystème de Fessenheim. Dans ce cadre, il nous faut à la fois définir l’espace géographique de la zone d’impact (zone des 30 kms pour les effets directs et zone étendue pour les effets indirects) et l’espace temporel. Pour ce dernier, nous retiendrons deux dates clefs : la date d’annonce de la décision de fermeture et la date de la fermeture. Notre apport s’appuie sur la constitution d’une base de données visant à mesurer, dans l’espace et le temps, des changements de vocation (économique, résidentielle, agricole) des unités territoriales constitutifs du socio-écosystème de Fessenheim. L’unité territoriale retenue est celle du local sur les espaces bâtis. Sur un plan spatial, la base de données porte, d’une part sur l’espace géographique de la zone d’impact de la fermeture de la centrale (également appelée « zone traitement »), d’autre part sur une « zone contrôle » portant sur un autre espace géographique en cohérence avec la méthodologie utilisée. La base, intégrée au sein d’un SIG, se construit à partir des « Fichiers Fonciers » du CEREMA, qui permettent de caractériser, en termes de surface, de type d’occupation et de propriété, les unités territoriales. On postule qu’une entité économique décide de se localiser dans un emplacement pour des raisons liées à un ensemble de caractéristiques spatiales décalées dans le temps ainsi qu’à un ensemble de caractéristiques territoriales.
La variable dépendante du modèle de type binaire révèle le changement de vocation de l’une unité territoriale et nous utiliserons un modèle binomial probit à effets aléatoires. Les variables indépendantes décrivent l’environnement de chacune des unités territoriales avant le changement de vocation de l’unité. Ces indicateurs devront prendre en compte : (i) un indice de spécialisation/diversification de l’environnement économique ; (ii) les caractéristiques des terrains au voisinage de l’unité considérée ; (iii) les caractéristiques propres aux unités territoriales. D’un point de vue économétrique, nous utiliserons un estimateur de type « Difference in difference » qui suppose l’introduction d’une nouvelle variable spatiale pour identifier la zone contrôle et la zone traitement ainsi que des variables temporelles identifiant les moments où des changements surviennent (annonce et décision de fermeture). Les résultats attendus répondent à plusieurs enjeux théoriques : (i) tout d’abord, le modèle économétrique rend compte de l’impact des différentes décisions (effet d’annonce, fermeture effective) sur le changement de vocation des différentes unités territoriales de l’écosystème selon les zones étudiées ; (ii) ensuite, nous établissons une cartographie des changements de structure industrielle (et agricole) à l’œuvre sur le territoire suite à la décision de fermeture de la centrale toujours selon les zones d’impact considérées ; (iii) enfin, l’analyse des changements structurels et des effets de complémentarité devrait nous permettre de mettre en évidence une première ébauche des dynamiques économiques à l’œuvre sur le territoire de l’écosystème.