Le gaz naturel, un « levier » pour l’avènement d’un « nouveau Pérou » ? Les contradictions d’un modèle énergétique péruvien en devenir

Année
2022
Type
Communication orale
Auteur(s)
Nina Montes de Oca
Conférence
Congrès du centenaire de l’Union Géographique Internationale (UGI), session « Géopolitique des ressources naturelles à l’heure de la transition socio-écologique », 18-22 juillet, Paris, France

La découverte de ressources gazières dans les années 1980 à Camisea a redessiné les cartes du système énergétique péruvien, notamment depuis le démarrage de leur exploitation en 2004. À l’encontre d’un système gazier centré sur la capitale et les exportations, la mobilisation des populations du sud du pays à partir de 2011 a poussé l’État péruvien à s’engager dans une transition socio-écologique focalisée sur ces régions, en prônant une redistribution des ressources issues de l’exploitation gazière. La stratégie de l’État s’est ainsi traduite par la réalisation partielle d’un gazoduc orienté vers ces régions, et de programmes de diffusion du gaz naturel par le biais de réseaux urbains et la distribution d’artefacts énergétiques (cuisinières, bonbonnes). À partir de ma recherche en doctorat effectuée entre 2015 et 2020, ma présentation s’appuiera sur les données récoltées lors d’entretiens avec les acteurs de l’énergie, d’observations sur le terrain, et à travers l’analyse de la littérature grise. L’objectif est de montrer comment l’étude multi-scalaire de la mise en ressource et de la transition vers le gaz naturel au Pérou dévoile les contradictions et les tensions entre les acteurs de cette transformation du système énergétique. J’ai constaté que le gaz naturel y est tour-à-tour mobilisé comme un facteur de solvabilité et d’insertion au marché énergétique mondial, comme le moyen de solder une dette historique et sociale vers les régions du sud et, comme un « levier » permettant de faire advenir un « nouveau Pérou » (Humala, 2014) plus moderne et moins inégal. Néanmoins, en prônant la diffusion de l’accès à l’énergie, le discours étatique dominant contribue à consolider une dépendance nouvelle au sentier gazier, et à créer un « consensus sur les commodities » (Svampa, 2015), en passant sous silence les revendications et conflits constatés autour de l’exploitation et la diffusion de cette ressource à différentes échelles.

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