L’influence de l’encastrement contextuel sur l’attitude de résilience aux chocs de carrière. Le cas de la centrale nucléaire de Fessenheim
Dans cet article, nous proposons une analyse de la résiliente de carrière comme un processus attitudinal associé à des dispositions à l’égard de la mobilité professionnelle. Nous mobilisons les concepts de choc de carrière et d’encastrement contextuel en intégrant les liens avec l’emploi, mais aussi le territoire, rarement considérés par la littérature. Dans le cas étudié, le choc de carrière est provoqué par l’arrêt des réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim en France, mais également par des ruptures personnelles. Le lien avec le territoire dont témoignent les salariés est celui avec une région de l’Est de la France, l’Alsace, où la centrale est implantée depuis plus de cinquante ans. Pour une grande partie des salariés, ils vivent une tension dans leurs choix de carrière entre rester sur le territoire et quitter leur métier (et inversement). Des informations ont été recueillies auprès de plusieurs dirigeants d’EDF et auprès de 34 salariés (agents EDF et d’entreprises sous-traitantes) y travaillant avant leur redéploiement. Nous avons pu en déduire une typologie distinguant quatre types d’attitudes résilientes de carrière, que nous avons rapprochées de trois variables explicatives : la perception du choc de carrière, l’encastrement dans l’emploi et celui dans le territoire associé à un réseau familial et amical. Malgré les limites inhérentes à une étude de cas, ces résultats apportent des connaissances nouvelles sur le processus attitudinal de la résilience de carrière, en identifiant des facteurs de manière originale, à travers les concepts de chocs de carrière et d’encastrement contextuel, notamment au territoire.