Ianis Chassang

Effet des valeurs socio-culturelles sur les jugements des risques nucléaires - le cas Fessenheim

Soutenue le
21 octobre 2024
Discipline(s)
Psychologie sociale
Encadrants
Bruno Chauvin | Odile Rohmer
Laboratoire
LPC EA 4400 - UNISTRA
Financement
Région Grand Est, environnement OHM Fessenheim

Résumé

Le 28 mars 1979 a été marqué par le premier accident nucléaire à la centrale nucléaire de Three Miles Island. Né des limites de l’analyse des risques, le champ du risque perçu émerge dans les années 70 pour comprendre les préoccupations des citoyens qualifiés d’irrationnels face à leur effroi envers l’énergie nucléaire et les pesticides. Pour répondre à la question « Pourquoi certains risques sont-ils perçus comme plus dangereux que d’autres ? », ce champ a identifié trois facteurs qui expliquent la majorité de la variation des jugements du risque perçu : le caractère effrayant, le caractère inconnu et le nombre de personnes exposées. Dans ce travail, nous nous sommes inscrits dans ce champ de recherche et avons tenté d’apporter des éléments de réponse à la question de recherche suivante : « Pourquoi certains individus perçoivent-ils différemment le même risque ? » (Chassang et al., 2024 ; Chauvin & Chassang, 2022). Pour ce faire, nous avons convoqué le modèle de la Théorie Culturelle selon lequel les valeurs que les individus défendent orientent leur perception de la réalité et leurs jugements de risques. L’objectif principal de cette thèse a été d’isoler et de tester expérimentalement l’effet des valeurs socioculturelles sur le risque perçu. Nos résultats n’ont globalement pas permis de démontrer un effet robuste de l’amorçage des valeurs socioculturelles sur le risque perçu. L’une des explications envisagées pour rendre compte de ces résultats est que l’effet d’amorçage n’émergerait que pour les individus ayant un niveau d’adhésion moyen aux valeurs amorcées. En ce sens, nous avons proposé plusieurs pistes d’études ultérieures pouvant prolonger nos travaux. L’objectif secondaire de cette thèse a été de répliquer les résultats de la littérature issus des mesures directes des valeurs socioculturelles. Nos résultats ont démontré une forte consistance des relations précédemment observées dans la littérature, comme l’association positive entre l’égalitarisme et les jugements des risques issus des polluants. La variété des catégories de risques utilisées dans nos études a aussi permis de confirmer certains résultats issus des études princeps de la théorie culturelle, comme les relations positives entre le hiérarchisme-individualisme et les risques posés par les troubles civils et les déviances sociales. Enfin, une contribution supplémentaire de nos travaux a été de montrer l’importance du fatalisme en tant que valeur systématiquement associée aux risques pour la santé et issus des transports.

Ce travail de thèse a été soutenu financièrement par la Région Grand Est (19_GE6_195). Il a par ailleurs été environné par l’OHM Fessenheim et a, à ce titre, bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du LabEx DRIIHM, programme “Investissements d’Avenir” (ANR-11-LABX-0010).

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