Existe-t-il une échelle spatiale optimale pour conduire les transitions énergétiques ? Depuis la fin des années 1980, les théories critiques ont balayé les discours qui essentialisent l’échelle comme une réalité préexistante à toute activité sociale. L’inscription d’un enjeu à une échelle particulière est analysée comme la conséquence d’un processus stratégique porté par des acteurs mus par leur agenda propre. Pourtant, les débats sur la transition ravivent la lecture essentialiste des échelles, mettant en avant un discours où un niveau spatial, le « local » ou le « régional », est réifié comme intrinsèquement plus adapté à la transformation des systèmes énergétiques. De nombreux travaux constructivistes ont déjà battu en brèche ce postulat. Cette communication propose de prendre les OHM comme laboratoire afin d’étudier la politique des échelles dans la transition énergétique. En mettant en regard les transformations en cours dans les OHM de Fessenheim et du Nunavik, nous proposons d’analyser les mécanismes concrets, les frictions et les controverses par lesquels les acteurs cherchent à légitimer certaines échelles dans la conduite des transitions. Dans un premier temps, il s’agira d’identifier les discours portés sur les échelles via une analyse qualitative de la presse locale dans les deux OHM et de les relier aux acteurs qui les portent. Dans un second temps, on proposera d’identifier, en comparant les deux terrains, des typologies de stratégies de mise à l’échelle de la transition par les acteurs.