Quand les territoires sont envoyés au charbon : vers la territorialisation d’un modèle de gouvernance imposé par l’État

Année
2022
Type
Communication orale
Auteur(s)
Sascha Perroux
Conférence
Congrès du centenaire de l’Union Géographique Internationale (UGI), session « Pour une géographie des transitions territoriales ? Cadres conceptuels, méthodologiques, et approches critiques », 18-22 juillet, Paris, France

La fermeture des dernières centrales à charbon en France (Cordemais, Le Havre, Saint-Avold et Gardanne), annoncée par la loi Energie-Climat de novembre 2019, relève d’une décision gouvernementale de mettre fin à une activité polluante du secteur électrique français. Dans le même temps, l’Etat annonce sa volonté d’accompagner les acteurs locaux dans la reconversion de leur territoire et le développement de nouvelles activités. Les acteurs locaux doivent donc composer avec cette injonction d’arrêter leur activité industrielle, pourvoyeuse d’emplois et de revenus à différentes échelles, pour trouver des solutions permettant d’engager leur territoire dans une dynamique post-charbon. Dans le cadre de mes travaux de thèse portant sur la fermeture des centrales à charbon, nous comparons et analysons la mobilisation des acteurs et l’émergence de différentes trajectoires de transition énergétique sur ces quatre territoires. A travers des entretiens menés auprès des différentes parties prenantes, il apparaît assez vite que le modèle de mobilisation et de coordination des acteurs voulu initialement par l’Etat trouve ses limites dans les contextes socio-politiques locaux. Ce modèle est remanié, adapté et modifié au gré des conflits et jeux d’acteurs pour laisser place à des modes de gouvernance spécifiques à chacun des territoires. L’analyse de ces fermetures nous amène dans le même temps à interroger le passage de la « reconversion » à la « transition » des territoires, qui ne saurait se résumer à une simple évolution sémantique ni à un effet de mode. Si les deux reposent en effet sur des processus globaux redéfinissant en profondeur les systèmes territoriaux (Daviet, 2006, Chabrol, 2018), les objectifs, attentes et dynamiques de mobilisation des acteurs diffèrent.

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