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Suivi de la dispersion de la contamination radioactive dans les rivières de Fukushima
Date | horaire
10/01/2022 | 14h - 15h30Résumé de la conférence
L’accident nucléaire de Fukushima, survenu en mars 2011, a généré l’émission de quantités importantes de radionucléides, dont une partie s’est déposée sur les sols situés au nord-ouest de la centrale à travers une surface de plusieurs milliers de km². Parmi ces radionucléides, on retrouve notamment une quantité importante de radiocésium dont les isotopes principaux, le Cs-134 et le Cs-137 présentent une demi-vie de 2 et 30 ans respectivement, ce qui le rend particulièrement rémanent dans l’environnement. Le radiocésium se fixe rapidement aux argiles des sols, et il peut donc être redistribué à travers les paysages et les rivières au gré des événement érosifs qui se produisent fréquemment dans la région, notamment après les typhons qui traversent la zone presque chaque année entre juillet et octobre. Différentes méthodes de traçage sédimentaire basées sur différentes propriétés des sols et des sédiments (couleur, concentrations en éléments géochimiques, teneur en radionucléides, ADN environnemental, teneur et composition de la matière organique, etc.) ont été développées afin de mettre en évidence les changements de sources apportant de la matière contaminée aux rivières. L’impact des travaux de décontamination sur la baisse des niveaux de radiocésium transitant dans les rivières drainant le panache radioactif a ainsi pu être mis en évidence. Les recherches en cours visent à développer/valider des modèles de transfert du radiocésium dans les paysages et à comprendre l’impact du retour des populations et de la remise en culture – un cas unique dans le monde à ce jour après un accident nucléaire – sur le devenir des radionucléides qui subsistent dans ces paysages du Nord-Est du Japon.
Courte biographie
Olivier Evrard est titulaire d’un doctorat en géosciences de l’Université de Louvain (Belgique). Depuis 2008, il est chercheur au Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (Paris-Saclay). L’objectif de ses travaux de recherche est de développer des techniques de traçage pour quantifier les sources et la dynamique des sédiments et des contaminants dans les bassins versants et les rivières. Pour ce faire, il utilise de multiples outils dont la radioactivité environnementale, la géochimie élémentaire et isotopique, la spectrocolorimétrie et l’ADN environnemental. Il participe depuis 2011 aux recherches post-accidentelles menées à Fukushima pour étudier la redistribution des radionucléides dans les rivières de cette région du Japon. Dans ce cadre, il co-dirige MITATE Lab depuis 2020 avec Cécile Asanuma-Brice (CNRS). Ce projet de recherche international du CNRS vise à promouvoir les recherches interdisciplinaires menées dans le contexte post-accidentel unique de la région de Fukushima.